Négociations OMC Les Etats-Unis jugent "minimes" les efforts demandés à l'UE
Le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, a jugé "minimes" mardi 11 octobre les efforts demandés à l'UE en matière de baisse des aides aux agriculteurs par rapport à ceux que les Etats-Unis devront s'imposer s'ils appliquent leur dernière proposition faite à l'OMC.
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M. Portman a proposé lundi de réduire de 60% les aides aux agriculteurs américains qui faussent les échanges mondiaux, demandant en échange une baisse de plus de 80% des budgets correspondants dans l'Union européenne et au Japon. "Avec la réforme de la politique agricole commune (PAC) qu'ils ont déjà engagée, ils peuvent probablement s'en approcher beaucoup sans rien faire du tout", a expliqué devant la presse le responsable américain, qui devait s'entretenir dans la journée avec ses homologues européen, brésilien et indien à Genève. M. Portman a expliqué que sa proposition portait sur les plafonds budgétaires autorisés par l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et non sur les versements réels, qui sont très inférieurs à ces plafonds. Lors de la campagne 2001/2 (derniers chiffres disponibles), l'UE a ainsi dépensé 43,65 milliards d'euros d'aides aux agriculteurs, alors que son plafond autorisé s'élève à 67 mds EUR.
"Les réductions qu'ils auraient à faire pourraient n'être que minimes en termes réels, peut-être négligeables. Ce que nous demandons à l'UE pour les soutiens internes est très petit par rapport à ce que nous sommes prêts à faire", a fait valoir M. Portman. Par contraste, "pour que nous réduisions de 60%, nous devons faire beaucoup", a-t-il ajouté, estimant qu'une telle baisse ramènerait le budget d'aide américain de 14 à 7,6 milliards de dollars, par rapport à un plafond autorisé de 19 mds. "Ce sont de véritables réductions qui ont un impact réel en dollars", a ajouté le secrétaire américain à l'Agriculture, Mike Johanns. Cette interprétation est contestée par des pays en développement comme l'Inde. "La proposition américaine ne se traduit pas par des réductions véritables. Elle ne réduit pas les lignes budgétaires", a estimé le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, lors d'une conférence de presse.
M. Portman a précisé qu'il attendait une baisse de 83% des aides agricoles du Japon et de l'UE, alors qu'il avait évoqué lundi le chiffre de 80%. Cette proposition a été rejetée par Tokyo, tandis que Bruxelles s'est dit prêt à réduire ses aides de 70%, provoquant l'inquiétude des agriculteurs européens. M. Portman a laissé entendre que sa proposition faite lundi à Zurich lors d'une réunion d'une quinzaine de pays membres de l'Organisation mondiale du commerce était négociable d'ici à la conférence ministérielle de Hong Kong en décembre. Cette conférence doit boucler les deux-tiers du cycle de négociations lancé à Doha (Qatar) en 2001.
"Les Etats-Unis sont prêts à examiner toute proposition et toute autre possibilité (...) afin de faire avancer le cycle de Doha", a-t-il assuré, tout en espérant des progrès dans les prochains jours, alors que de multiples réunions sont prévues à Genève. "Notre ambition pour le cycle de Doha doit être égalée dans les deux semaines qui viennent. C'est le moment et c'est le lieu pour le faire; nous ne pouvons plus attendre", a-t-il lancé, réclamant des autres pays développés, à commencer par l'UE, une baisse des droits de douane sur les produits agricoles. Il a expliqué que les paysans américains n'accepteront pas sans contrepartie à l'export une baisse de leurs subventions. "Nous voulons voir des propositions spécifiques avec de vraies réductions qui offrent un meilleur accès aux produits agricoles. Si les autres ne peuvent répondre, le cycle de Doha sera en danger", a-t-il averti.
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